• II- Du stimulus au fou rire: Deuxieme partie

     

    2- Le  chemin du rire dans le corps :

    Nous allons à présent étudier un aspect plus 'scientifique' du rire, et comprendre le chemin qu'il se fraye dans notre corps. Les mots compliqués seront en italique et expliqués dans l'encart "Quelques définitions", situé sur votre droite.

     Le chemin du rire dans le corps est très complexe. Nous avons vu que son déclencheur est un stimulus. Survient ensuite une cascade de réactions qui ont des répercussions sur tout l'organisme. Cela débute dans des zones précises du cerveau, puis gagne tout le corps. 

     On sait aujourd'hui que les différents stimuli engendrent un même mécanisme cérébral, qui a été identifié dans les années 1990 par des études d'imagerie cérébrale et menées par des neurologues américains et allemands. Ces études d'imagerie cérébrale ont pu avoir lieu principalement grâce à l'Image Par Résonnance Magnétique ( IRM ).                         

    Mais qu'est-ce-que l'IRM ?

    C'est une technique d'exploration de l'organisme utilisant les modifications d'orientations ( résonnance ou vibration ) des atomes d’hydrogène, qui sont soumis à un champ magnétique intense. Lors de l'examen, la perturbation du champ magnétique par une onde radio provoque la résonance des atomes c'est-à-dire qu'ils s'orientent dans la même direction : les noyaux d'hydrogène sont alors excités par les ondes radio pendant une très courte période. Les signaux émis lors de ce phénomène sont enregistrés, traités pour donner une image haute définition. Cette technique est utilisée en particulier pour les tissus mous. Ce sont des tissus servant à supporter les structures et les organes du corps comme les muscles, les vaisseaux sanguins ou les tissus adipeux. Un ordinateur reconstitue à partir de ces mesures, un cliché qui sera interprété par le radiologue. .

    Nous allons maintenant vous expliquez ce qu'est le phénomène de la résonance des atomes d'hydrogène ? Pour comprendre le phénomène de la résonance des atomes d'hydrogène il faut d'abord savoir que l'atome d'hydrogène est un élèment composé d'un seul proton. Il est très répandu dans notre corps car il est porté par les molécules d'eau qui constituent 60% de notre organisme. Le noyau d'hydrogène possède des propriétés magnétiques. On peut représenter le moment magnétique, qui est une grandeur vectorielle qui mesure l'intensité de la source magnétique de l'IRM, sous la forme d'un vecteur en rotation sur lui-même : ceci caractérise le spin nucléaire du proton isolé. Au repos, ces vecteurs ont une orientation aléatoire alors que lorsqu'ils sont soumis au champs magnétique que dégage l'IRM, les spins de chaque atome d'hydrogène s'orientent dans l'axe du champ magnétique, soit dans le même sens, soit dans le sens inverse.

    C'est grâce à cette nouvelle technique que les neurologues ont pu cartographier le fonctionnement du cerveau pendant le rire en temps réel. Ils ont alors constaté que le rire active un véritable ' circuit neuronal ' dans le cerveau.

    Explication du chemin du rire dans le corps :

    Le rire est une onde qui va parcourir le corps en quelques seconde. Son parcours débute dans l'hémisphère droit du cerveau qui gère la perception globale des objets qui nous entourent : c'est grâce à lui que l'on peut reconnaitre par exemple un visage à partir des quelques traits d'un dessin ou d'une caricature. Ce schéma nous permet de situer l'hémisphère droit :

                                   Travaux Personnels Encadrés : Le Rire

    Schèma de l'hémisphère droit du cerveau :

    Dans ce circuit, une zone du cerveau joue un rôle clé : celle située au niveau du cortex cérébral médioventral droit. Comme nous l'avons vu précédemment ce qui va déclencher le rire est un stimulus, par exemple les chatouilles vont activer le cortex somato-sensoriel (A) qui est directement relié au cortex préfrontal médioventral (B). Le gyrus parahippocampique (D) est stimulé lui par le protoxyde d'azote. Par réaction, cette circonvolution du lobe occipital active alors le cortex préfontal médioventral à son tour.

    En fait, chaque stimulus active une zone diffèrente du cerveau reliée au cortex préfrontal dont le rôle premier est de gérer la réaction aux stimuli. Par ailleurs le cortex préfrontal médioventral est directement lié au système cérébral appelé ' circuit de la récompense'. Le circuit de la récompense apporte la motivation nécessaire à la réalisation d'actions comme se nourrir, se reproduire... Ce circuit de la récompense impliqué dans le mécanisme du rire est divisé en trois composantes :                         

    - affective, correspondant aux plaisirs provoqués par les récompenses      

    - motivationnelle, correspondant à la motivation à obtenir la récompense.       

    - la composante cognitive, correspondant aux apprentissages en général.     

    Dès que l'on rie, le circuit de la récompense est actif et principalement, la composante affective car le rire est bon pour le corps et le cerveau le sait. Des subsances chimiques sont alors libérées par deux neurotransmetteurs situés dans le noyau accumbens (F).                        

     Le cortex cérébral (A) est également relié au système limbique (C), il va lui transmettre un influx nerveux. Par l'intermédiaire de l'hypothalamus (E), ce système va ajuster l'intensité de la réponse émotionnelle et décidera de l'intensité du rire ( rire discret, éclats de rire, fou rire... ) en fonction du message reçu par le cortex ; cette partie du cerveau est le siège des émotions.       

      Légende :

    A: Cortex somato-sensoriel

    B: Cortex préfrontal médioventral

    C: Système Limbique

    D: Le gyrus parahippocampique

    E: Hypothalamus

    F: Noyau accumbens

      

        Travaux Personnels Encadrés : Le Rire

    Schéma des repercussions des stimuli dans le cerveau :  

     La transmission de cette réponse se fait par voie chimique grâce aux neutrotransmetteurs, des substances chimiques. Les cinq neurotransmetteurs impliqués dans le déclenchement du rire sont : la dopamine, qui favorise l'envie et le désir, la sérotonine dont l'effet traduit l'affaiblissement psychique et un changement rapide d'humeur ( un rire peut nous mettre de bonne humeur ) , l'acétylchonine, qui déclenche une contraction musculaire, le Gaba, qui engendre des mouvements anormaux comme des spasmes ou des gestes non coordonnés, la noradrénaline, qui maintient l'éveil du cerveau et l'endorphine, qui a des vertus antalgiques.

     Ces neurotransmetteurs cheminent par les voies du système nerveux végétatif. Ce dernier contrôle de nombreuses fonctions de l'organisme : cardio-vasculaire, digestive, respiratoire, immunitaire. Il comprend deux sous-systèmes, le sympathique et le parasympathique. Lorsque l'on rit, c'est le système parasympatique qui domine, son activité tend à produire une relaxation générale du corps. Cette relaxation entraîne alors le ralentissement du rythme cardiaque, la diminution de la pression sanguine. La paroi des capillaires sanguins se détend, ce qui fait rosir le teint. La décontraction des sphincters quant à elle, peut provoquer la libération de quelques gouttes d'urine, d'où l'expression populaire ' j'ai tellement ri que j'en ai fait pipi dans ma culotte '

     

      L'onde se propage ensuite rapidement et s'extériorise via deux axes : musculaire et respiratoire. De fait, le rire met en mouvement de nombreux muscles, à commencer par les quinze muscles faciaux comme le grand zygomatique, qui s'étend des pommettes à la commissure des lèvres, le muscle de la joue appelé 'buccinateur', le risorius, qui est un petit muscle de la joue situé à la commissure des lèvres... La contraction de ces muscles induisent un étirement des coins de la bouche et des paupières vers le haut ainsi d'une dilation des narines.  Les muscles du larynx et les cordes vocales engendrent une vocalisation du rire, il y a des rieurs en ' hi', en ' ho' ou en ' ha'. Cette vocalisation inarticulée dure environ un seizième de seconde. Une contraction du diaphragme et de la musculature abdominale se créer de façon assez violente ce qui entraine chez certains un mal de ventre toutefois favorable au bon fonctionnement du foie et de l'intestin. Et lorsque que le rire a une durée assez longue, c'est parfois toute la musculature des membres,  notamment des cuisses, qui se détend... forçant à s'asseoir.                                                 L'axe respiratoire est indissociable de l'axe musculaire. En effet, les poumons sont liés à la cage thoracique, mis en mouvement par les muscles intercostaux. Ainsi, rire a pour effet d'augmenter considérablement les fonctions respiratoires caractérisées par une inspiration plus ample, une pause respiratoire plus longue et une expiration beaucoup plus prolongée qu'en temps normal et extrêmement saccadée. Cette augmentation des fonctions respiratoires facilite la ventilation des poumons car ces échanges respiratoires sont trois à quatre fois plus importants qu'à l'état de repos.

    L'onde du rire parcours donc tout notre corps en une fraction de seconde ! 

    Il faut savoir que le rire grossit au fur et à mesure et atteint alors le statut de fou rire. La respiration s'adapte et les battements du coeur diminuent : la pression artèrielle du rieur devient progressivement infèrieure à la normale. Notre troisième sous partie va s'intéresser à ce mécanisme du fou rire.

    Le chemin du rire dans le corps engendre réellement un changement dans l'organisme, autant au niveau chimique, à travers la création de diffèrents neurotransmetteurs, qu'au niveau physique de part la sollicitation des systèmes respiratoire et musculaire.

     

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