• II- Du stimulus au fou rire : Troisième partie

    3- Le fou rire

    Le fou rire est un rire incontrôlé, inapproprié et qui dure bien au delà du rire classique. A ne pas confondre avec le"rire fou" qui signifie le "rire dément". Le fou rire est l'étape que l'on franchit entre l'action de rire et celle de ne plus savoir s'arréter. Le fou rire est en réalité une sorte de crise de nerfs.

    Les neurologues n'ont pas encore découvert l'origine du fou rire et le mystère qui se cache sous cet acte incontrôlable. Cependant quelques hypothèses ont été envisagées pour expliquer le fou rire, comme la surproduction des substances chimiques créées par les neurotransmetteurs, mais ceci n'a, pour l'instant, pas été encore prouvé.

     Nous savons toutefois que le fou rire peut conduire à une maladie contagieuse et sans remède ainsi que le montre l'exemple qui suit.

     

    Une épidémie de rire a débuté le 30 janvier 1962 dans un pensionnat pour filles, dans le village de Kashasha, au Tanganyika (Tanzanie actuelle). En quelques semaines, ce qui a commencé comme une crise de fou rire chez trois jeunes filles se répand dans le reste de l'école, touchant 95 des 159 élèves, âgées de 12 à 18 ans.

    Les autorités décident de fermer l'école le 18 mars, mais le problème demeure : elle est réouverte le 21 mai, mais fermée à nouveau à la fin du mois de juin suite à l'apparition de 57 nouveaux cas. Aucun des cinq enseignants de l'établissement n'est affecté.

    Image parfois associée aux récits de l'épidémie

    Une dizaine de jours après la fermeture du pensionnat de Kashasha, un autre foyer se déclare au village de Nshamba. La maladie y a vraisemblablement été amenée par des filles fréquentant le pensionnat de Kashasha, renvoyées dans leur village durant la période de fermeture. Là encore, seuls les enfants et les jeunes adultes sont touchés.

    Un autre foyer apparaît également dans l'école de Ramashenye au milieu du mois de juin, puis dans le village de Kanyangereka, où a été envoyée une élève de l'école de Ramashenye. Sa soeur, son frère, sa belle-mère et sa belle-soeur sont les premières personnes affectées mais, bientôt, d'autres habitants du village le sont également et deux écoles situées à une quinzaine de kilomètres de là, doivent être fermées à leur tour.

    L'épidémie finit par cesser de se propager et se termine. Au total, elle a duré plus de six mois, a mené à la fermeture de quatorze écoles et a affecté plusieurs milliers de personnes dans la région du lac Victoria. Elle est aujourd'hui considérée avec intérêt en psychologie en raison de sa démonstration de l'aspect « contagieux » du rire.

     

    Les symptômes de cette maladie:

     

    Les descriptions de l'épidémie varient un peu d'un endroit à un autre, mais les éléments principaux restent inchangés. La plupart des personnes atteintes sont des enfants, même si quelques adultes ont également été touchés. D'après un article du Central African Medical Journal publié au cours de l'épidémie, seuls des adultes illettrés et peu éduqués de manière générale auraient été affectés : aucun enseignant, policier ou chef de village n'aurait développé des symptômes de la maladie.

    La « maladie » se déclare quelques heures ou quelques jours après le contact avec une personne atteinte. La victime se met soudain à rire, parfois jusqu'à en pleurer, suivie d'une période de répit puis d'une réapparition des symptômes. Chez certaines personnes, ce cycle se répète jusqu'à quatre fois.

     

    Ces symptômes s'accompagnent d'une agitation qui peut mener à des réactions violentes envers ceux qui cherchent à retenir la personne atteinte. Celle-ci dit parfois avoir peur et avoir l'impression que quelqu'un la poursuit.

    La maladie ne s'accompagne pas de symptômes physiques, en dehors de pupilles dilatées chez certains patients et de réflexes exagérés au niveau des membres inférieurs. Certains rapportent également avoir eu de la fièvre quelques jours après le début de la maladie.

    La maladie n'a causé aucun décès et n'a laissé aucune séquelle.

    Des recherches effectuées à l'époque ont écarté la possibilité d'une origine bactérienne, virale ou alimentaire à l'épidémie, qui semble avoir été un phénomène purement psychologique et qui est considérée comme un exemple d'hystérie collective.

     

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